Poète, essayiste et traducteur français, Jacques Darras est né en Picardie maritime dans les régions du Marquenterre et du Ponthieu (Bernay-en-Ponthieu). Fils d’un couple d’instituteurs il fréquente le Lycée d’Abbeville puis est élève d’hypokhâgne et khâgne au lycée Henry IV à Paris. Il est admis à l’ENS rue d’Ulm en 1960, hésite sur quelle voie suivre, lettres classiques ou philosophie, s’expatrie à Edinburgh en Écosse où il est lecteur et finalement réussit l’agrégation d’anglais en 1966. Nommé au Lycée Grandmont de Tours au sortir du service militaire (École Militaire) il devient assistant à la toute nouvelle Université de Picardie où il fera toute sa carrière jusqu’en 2005. Professeur en 1978 avec une thèse sur « Joseph Conrad et les signes de l’Empire », doyen de Faculté de 1984 à 1999, il crée plusieurs masters et départements de langue dont l’hébreu, l’arabe, le chinois, le néerlandais, le polonais etc…Parallèlement il s’engage dans la vie locale et régionale en lançant une revue littéraire in’hui (près de 70 numéros aujourd’hui) relayée par la Maison de la Culture d’Amiens en 1985 puis éditée à Bruxelles (le Cri) à partir de 1993. Il y publie la poésie étrangère sous forme d’anthologies (Allemagne, Russie, Etats-Unis, Espagne) et la poésie nationale accompagnée d’une réflexion prosodique (le sonnet, le vers libre, l’épopée etc…).

Il se lance entre-temps dans une aventure poétique prenant rythme et réflexion dans un cours d’eau des côtes de la Manche, la Maye, qui se jette dans la Baie de Somme. Il publie le volume inaugural La Maye I en 1988 aux éditions in’hui/3 cailloux (qu’il a fondées à la MCA d’Amiens). Puis La Maye II ou Petit affluent de la Maye en 1993 aux éditions Le Cri à Bruxelles. Il a ajouté depuis cinq autres volumes dont La Maye III ou L’embouchure de la Maye dans les vagues de la manche (le Cri, Bruxelles, 2001) La Maye IV. Van Eyck et les rivières (Le Cri, 1996) La Maye V. Vous n’avez pas le vertige (L’Arbalète/ Gallimard 2004) La Maye VI. Tout à coup je ne suis plus seul (L’Arbalète/Gallimard 2006). La Maye VII. La Maye réfléchit (Le Cri, 2009). Tout en composant le huitème et ultime volume Le Chœur maritime de la Maye, il procède au remaniement des volumes précédents. Il compose également un volume de sonnets Petite Somme sonnante (Mihaly, 1999). Parallèlement à la poésie il publie plusieurs essais dont les trois plus récents Nous sommes tous des romantiques allemands. De Dante à Whitman en passant par Iena (Calmann-Lévy, 2002) Nous ne sommes pas faits pour la mort (Stock 2006) Les îles gardent l’horizon (Hermann 2008)

À Paris en 1998 il fonde avec André Parinaud le mensuel de poésie « Aujourd’hui poème ». Il inaugure un cycle de lectures avec le comédien Jacques Bonnaffé. Il lit dans de nombreux festivals à l’étranger (Etats-Unis, Mexique, Italie, Espagne, Syrie, Tunisie, Russie, Allemagne, Belgique, Pays-Bas, République tchèque, Portugal, Japon, Chine etc…). Il fonde en 2008 par transformation d’in’hui la revue « Inuits dans la Jungle » avec Jean Portante (éditions Phi) et Jean-Yves Reuzeau (Le Castor Astral). Il est invité en 1989 par la BBC, premier non Anglais à prononcer les Reith Lectures, pour célébrer le bicentenaire de la Révolution française (5 conférences mondialement diffusées). Il reçoit le prix Apollinaire (2004) et le prix de l’Académie française pour son œuvre (2006). Il est l’un des administrateurs du CNL, de la Maison de la Poésie de Paris (depuis 1990). Il préside le jury du Prix Ganzo de poésie. Il préside le festival Marathon des Mots de Bruxelles depuis 2009. Il a organisé dix rencontres européennes de poésie à la Maison de la Poésie de Paris en 2009. Il vient de créer le festival de Poésie d’Achères (2010).

Européen convaincu, Jacques Darras, essaie d’engager la poésie française sur la voie d’une écoute plus attentive aux autres traditions. Il travaille obstinément aux frontières (nordiques) de notre sensibilité nationale avec la volonté souvent mal comprise de rendre cette dernière plus extensiblement inclusive et surtout plus ouverte. Il se considère comme un démocrate « whitmanien » d’Europe. En tant que tel il reconnaît être en contradiction ouverte avec le grand mouvement symboliste et surréaliste (freudio-lacanien) qui conduit encore la poésie française de nos jours. Son admiration va directement à Apollinaire, Cendrars et Claudel, dont la tradition d’ouverture au monde s’est inexplicablement interrompue.

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