Louise Dupré, poète et écrivaine québécoise, invitée au Marché de la Poésie de Paris en 2018, nous confie son Enfance de la littérature. Témoignage accompagné de la lecture de La maison hanté (éditions Bruno Doucey, 2018), passage choisi.

La main hanté, éd. Bruno Doucey, 2018

Le livre de Louise Dupré s’ouvre sur un fait qui pourrait paraître banal s’il n’était suivi d’une réflexion existentielle : une femme qui fait euthanasier son chat prend soudain conscience de sa capacité à tuer. La main hantée par ce geste, elle sent remonter en elle la cruauté à l’œuvre dans le monde  : viols, meurtres, bombardements, barbarie, indifférence à la souffrance d’autrui… Une terrible question l’habite : comment affronter le mal qui est en nous sans sombrer dans le pessimisme ou le désespoir ? Avec des mots simples et une infinie prévenance, l’auteure creuse le noir pour y trouver une lumière. Elle défie la détresse pour y fonder l’empathie. Et l’on ressort de ce livre avec une conscience accrue des liens qui unissent liberté et responsabilité dans ce fragile miracle du vivant. Des mots de poète que je pense nécessaires à notre temps.